Solitude (ensemencée d’étoiles), Amour et Liberté

Amour et liberté sont des notions intimement liées, parce que l’amour est par essence un élan libre et spontané (que nul ne peut contraindre).

Mais on se trompe souvent sur ce qu’est l’amour…

L’amour ordinaire est souvent contraint

Au fur et à mesure qu’on s’identifie de moins en moins à l’égo et qu’on s’ouvre de plus en plus à l’être profond, on découvre que l’amour vrai est finalement très différent de ce qu’on croyait. On se rend compte que ce qu’on prenait pour de l’amour n’était souvent que de simples attaches affectives, tout d’abord liées à l’attirance magnétique, rejointes par les projections amoureuses, puis relayées par les plis de l’habitude.

Remarquons tout de suite qu’aucun de ces 3 éléments n’est libre :

  • l’attirance magnétique et la pulsion sexuelle sont déterminées par le corps et les conditionnements culturels ;
  • les projections amoureuses sont des fantasmes que l’ego plaque sur autrui (sans aucune liberté) ;
  • les habitudes sont des répétitions mentales, liées au passé.

Observons aussi que l’amour (ou le désamour) que les autres croient ressentir envers nous, est généralement aussi faux que celui que nous entretenions envers eux, alors qu’on s’identifiait pleinement à notre personnalité.

Partant de là, qu’en est-il du sentiment de solitude éventuel, résultant d’un tel constat ?

  • Certes on est désabusé des illusions ordinaires, alors qu’en même temps l’Amour authentique envers autrui nous traverse, comme jamais auparavant.
  • Et la lucidité dont on ne se départit pas, nous fait voir clairement qu’ils n’aiment qu’eux-mêmes, tout en projetant sur autrui des fantasmes divers (tout comme nous le faisions nous-même à notre insu, précédemment. Certes ce n’était pas sain, mais pourtant tellement « normal ». Et puis, comment faire autrement quand on vit complètement dans l’illusion, totalement à côté de la vraie vie, simple et directe ? Tout le monde passe par là…).

 

Et si la vie était comme un Jeu ?

Imaginez une soirée où les invités joueraient à un jeu de société, et où :

  • tout le monde aurait oublié qu’il ne s’agissait que d’un jeu ;
  • tout le monde vivrait des émotions disproportionnées par rapport aux enjeux de la partie.

Si, d’aventure vous vous rendiez compte en cours de partie de la méprise collective (incluant la vôtre), vous seriez stupéfaits de voir les uns et les autres tourmentés par les affres de la passion du jeu, comme si leur vie et même leur être dépendaient des aléas de la partie… Sans mépris ni rejet, vous ressentiriez de la compassion pour toutes ces souffrances et ces espoirs, bien qu’ils soient en fait sans objet.

Et si, personne ne vous écoutait dans vos tentatives d’expliquer votre découverte (« Il est inutile de souffrir autant pour si peu, puisqu’il ne s’agit que d’un jeu… »), il se pourrait que vous vous sentiez parfois un peu seul. Mais, ce ne serait pas une solitude triste.

 

Solitude et amour

C’est plutôt comparable à la « solitude responsable » (et très relative) que ressent un parent qui écoute l’enfant raconter sa journée avec ses espoirs et ses contrariétés d’enfant. Certes, ses histoires manquent de recul, et le parent ne les partage pas au même degré que l’enfant, mais il lui accorde tout de même toute son attention. De la part de l’enfant qui prend ses aventures très au sérieux, ce n’est pas ridicule, ni stupide, puisque son vécu est sa seule réalité. Du coup, le parent ne s’ennuie pas à recueillir les impressions de l’enfant, même s’il les interprète autrement. Au contraire, il est intensément présent, par intérêt véritable pour l’enfant, pour l’accompagner dans son expérience.

Cependant qu’évidemment, dans la vraie vie, vous n’êtes pas le parent des autres. Ce n’était là qu’une image pour faire comprendre qu’il y a bien une forme de solitude, mais qu’elle n’est pas plus douloureuse que celle que peut ressentir un parent en présence de son enfant. Ainsi, vous ne pouvez pas tout dire aux autres, mais n’en ressentez pas non plus le besoin, laissant chacun libre et responsable des enseignements qu’il tirera de son expérience.

Vibrant du jeu passionnant qui s’offre à vous, laissant chacun à ses croyances, pour jouer avec eux amicalement, vous passeriez globalement un « bon moment », attentif à l’expérience qui se vit.

En fait, ce n’est pas parce que vous aimez et êtes bien entouré, que vous cessez d’être seul au fond de vous-même. Et ce n’est pas parce qu’il en est ainsi, que vous en souffrez, et que ce serait un problème à résoudre. Le problème, ce serait plutôt de chercher à résoudre cette solitude, qui est à la fois saine… et inéluctable ! Elle est même constitutive de la Vie : « On est seul sur le Sentier », dit un adage transmis par voie orale.

 

Solitude et plénitude

Etonnamment, la solitude qui est ressentie n’est pas tant la perception du manque de l’autre, que celle du « plein de soi » !

Dans le fond, ce n’est rien d’autre que la conscience de soi. C’est elle qui fait si peur et dont on cherche à tout prix à éviter l’expérience, au travers de toutes les agitations et les distractions, par lesquelles on tente de fuir ce qu’on prend à tort pour du « vide ».

Ce vide est en fait un plein. Et ce plein c’est le plein de la « Présence ». Le plein de soi-même, à propos duquel on se trompe, parce que le mental ne peut pas s’en saisir. La perception de l’absence d’ego, quand cesse l’agitation liée à la fausse identification, est interprétée par le mental comme un « vide ».

Rendez-vous compte à quel point c’est énorme : ce dont on a peur, ce que l’on fuit, parce que cela procure une intense sensation de vertige, est interprété par le mental comme étant du vide, simplement parce qu’il n’y a enfin pas d’agitation, pas d’identification, pas d’ego, mais seulement la sensation de l’être que nous sommes profondément. Ce que l’on prend pour de l’ennui et que l’on associe à de l’abandon n’est rien d’autre que la sensation d’Unité, l’inverse de l’abandon justement ! Le paradoxe est saisissant : on fuit la solitude, en allant vers les autres pour se trouver soi-même dans la relation, alors que la solution est en Soi, dans cette solitude qui n’en est pas une, puisqu’en tant que centre de l’être, elle est le véritable lieu de connexion aux autres (et au Tout).

Depuis cette centralité assumée, où il n’y a plus de peur, ni de soi ni des autres, on peut au choix :

  • demeurer en Communion silencieuse avec le Tout (et avec autrui),
  • ou bien aller vers les autres, fort de cette plénitude, pour y laisser rayonner la Présence intérieure, multipliée par la magie de la Relation.

Une relation authentique n’est d’ailleurs possible que dans ces conditions. Sinon, ce ne sont que des faux semblants et des tentatives d’emprise maquillées en amour.

Dans cette perspective on ne va pas vers l’autre pour se trouver soi-même :

  • non seulement parce qu’on ne se cherche plus dans l’autre,
  • mais surtout parce qu’on s’est trouvé. En fait, on est déjà « complet » et il ne manque rien. Mais il peut y avoir tout de même un supplément dans la rencontre, si toutefois les deux sont suffisamment libres.

Et puis, on n’attend rien. On le fait, dans la gratuité de l’instant.

Et au début c’est un peu déstabilisant, même pour soi. Et certainement pour les autres qui ne parviennent plus à vous saisir. Ils sentent en vous le paradoxe d’une Présence plus évidente que chez d’autres, et en même temps un vide abyssal, puisque votre ego est démasqué, un peu comme si vous étiez déjà mort, tout en étant encore plus vivant qu’avant… Il faut le vivre soi-même de l’intérieur, et/ou avoir fréquenté quelqu’un comme ça pour saisir ce qui est évoqué ici. Sinon, cela reste des idées originales peut-être, mais abstraites et sans résonance avec sa propre expérience.

 

Seul au sein de son propre film

Quand on voit clairement le jeu de l’illusion (voir à ce sujet notre article sur : « l’allégorie de la caverne« ), on se rend compte que la conscience individuelle se prenant pour un ego séparé, s’imagine être le personnage principal de son scénario personnel, tandis que les divers protagonistes n’en sont finalement que des figurants.

  • On pourrait aussi bien les remplacer par d’autres acteurs,
  • Ils pourraient aussi bien tenir d’autres rôles,
  • Et même, on pourrait les retirer du scénario…

… que cela ne changerait pas fondamentalement le film. Il s’agirait toujours des aventures de l’ego : l’ego en famille, l’ego à l’école, l’ego amoureux, éventuellement en galère sentimentale, l’ego en difficulté/réussite professionnelle, l’ego vieillissant, l’ego aux prises avec la maladie et la mort, etc… (voir notre article sur  « Qu’est-ce que l’ego ?« ).

C’est exactement comme dans les séries, où on trouve toujours le même héros, vivant finalement la même chose de la même manière, en différents épisodes, avec juste quelques variantes selon les contextes.

Vous voyez ce que je veux dire : quel que soit l’acteur qui endosse le rôle, James Bond par exemple, est toujours aux prises avec des méchants qu’il combat avec cynisme et réussite, noyant ses désillusions dans les bras de belles espionnes, qui meurent à la fin.

Nota : Dans nos vies, c’est quasiment pareil. Sauf que nos pseudo identités changent partiellement, selon les tranches d’âge et selon les rôles joués (en famille, au travail, avec les commerçants et les voisins, avec de vieux amis, etc…), parce qu’il y a la plupart du temps un manque d’unité entre nos sous-personnalités.

Il faut faire successivement trois choses pour se libérer de l’illusion et de la fragmentation :

    • Réparer un peu l’ego, pour rééquilibrer le jeu quand il provoque vraiment trop de souffrance au quotidien.
    • Ensuite, voir qu’on n’est pas cet ego et ainsi s’en désidentifier.
    • Et assumer affectueusement les 8 personnages archétypes qui participent de sa constitution.

 

L’être profond toujours présent

La bonne nouvelle, c’est que malgré toutes les fuites dans l’imaginaire dont on est mentalement victime, on est toujours le « Soi », cet être de Lumière parfaitement présent, depuis toujours et à jamais (ou pour le dire de façon plus moderne : « présent à l’instant présent » !).

  • Tout en se projetant mentalement sans cesse en arrière dans le passé et en avant dans le futur, en fait : on ne peut quitter l’instant présent.
  • De la même manière, tout en se prenant sans cesse pour un moi séparé (qui n’existe pas), on ne cesse jamais d’être la pure Conscience. Même en se prenant pour un ego, on ne cesse jamais d’être ce que nous sommes vraiment, un esprit engagé sur le chemin de la révélation (voir cet article : « S’éveiller spirituellement). Un chemin sans distance, puisque c’est la conscientisation progressive de ce que l’on n’a jamais cessé d’être.

Ainsi, sous les projections imaginaires de l’ego, l’être profond en nous ne peut que ressentir l’Amour, puisque c’est sa nature intrinsèque. Alors comment se fait-il que celui-ci ne rayonne pas naturellement et que les histoires d’amour finissent toujours aussi mal ?

 

La misère ordinaire

C’est très simple à comprendre : les élans que vous ressentez en vous, de même que ceux que les autres ressentent envers vous, sont parfaitement vrais, à la base. Mais ils sont mélangés avec des projections qui les pervertissent. Imaginez un bon bol de soupe, dans laquelle vous verseriez quelques gouttes de poison. Il y a bien de l’amour vrai (la soupe), mais il est indigeste à cause du poison de l’ego.

Parfois, le coeur de l’être est tellement protégé, qu’il paraît se rétrécir dans l’armure de défense, au point d’être même dur comme de la pierre. Du coup, c’est comme si la soupe qu’il servait était à moitié évaporée. Parfois au contraire, elle est tellement liquide, qu’elle manque de substance vraie, et de saveur.

Pour autant le petit être, perdu dans les illusions d’un monde dont il se croit séparé, est tout recroquevillé et terrorisé à l’idée heureusement fausse d’être limité et isolé. Alors, comment pourrait-il faire autrement que d’instrumentaliser les autres, auxquels il n’a pas accès et qui ne peuvent que lui servir à se conforter dans ses misérables tentatives de « survie ». Et on ne parle pas là uniquement de gens pris dans des circonstances extrêmes de survie, mais de tout le monde dans toutes les micro situations du quotidien. Au petit déjeuner en famille par exemple, chacun est fondamentalement seul dans son film, prisonnier de son personnage, n’interagissant avec les autres qu’à travers la personnalité dont il est affublé et à laquelle il s’identifie sans s’en rendre compte.

 

La grande compassion

Constatant cela, en soi et autour de soi, se déprenant progressivement de toute cette vaste supercherie de l’ego et du mental, il se dégage de cette libération, une grande paix, une grande joie, une grande liberté et une immense compassion, pour les autres et pour soi-même.

Ce n’est que de cette vision claire que peuvent venir la patience, le pardon (« Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ! » avait dit Jésus sur la Croix), la tranquillité fondamentale qui ouvre sur l’humour et l’amour vrai.

Si la douleur ne disparaît pas de l’expérience, la « souffrance psychologique » associée n’a plus de prise pour s’accrocher. Et c’est une vie totalement différente qui s’ouvre devant soi pour poursuivre l’expérience incarnatoire.

 

Dépendance affective et peur de la solitude

Comme nous l’avons déjà évoqué dans l’article « rester ensemble ou se séparer ?« , des personnes qui s’éveillent à une meilleure conscience d’elles-mêmes, réalisent encore plus fort qu’avant que certaines de leurs relations intimes avec des proches ne les satisfont plus, surtout quand ils ne se sentent pas respectés pour ce qu’ils sont. Ils découvrent alors qu’ils ont pu être instrumentalisés, diversement  manipulés, parfois même maltraités.

Dès lors, ils aimeraient réagir…

Malheureusement, ce n’est pas si simple, parce qu’ils ont peur de se retrouver seuls ! Ils ont peur que l’autre leur manque.

Mais on a vu, qu’en fait ils ont surtout peur de se manquer eux-mêmes, parce qu’ils s’identifient à leur dépendance à l’autre. Ce n’est peut-être pas satisfaisant, mais on a peur de s’arracher de soi-même, en prenant de la distance par rapport à une relation intime. Et encore une fois, c’est paradoxal, parce qu’en se rapprochant de soi-même on ne risque pas de se perdre soi-même…

 

Peur et compromission

Malheureusement, ce qui se passe souvent en pareil cas, c’est qu’après s’être provisoirement et partiellement désidentifiés, la sensation de « vide » leur fait tellement peur de se perdre, qu’ils se réidentifient tout de suite à un autre imaginaire : celui de quelqu’un qui serait seul.

Et ils reculent, renoncent à se séparer, et se compromettent, par lâcheté, dans le fait de rester mal assorti avec des personnes avec qui ils ne se sentent plus bien. C’est misérable, mais c’est classique, et cela prend un certain temps de pourrissement avant d’oser se libérer.

Ou alors, ils se mettent en quête d’une autre personne sur qui jeter leur dévolu, avec laquelle ils espèrent tromper leur sensation de solitude…

Cette sensation est en fait toujours présente. Au pire, on la recouvre comme on ferait du bruit pour couvrir le silence sans pouvoir jamais le remplir. Au mieux, on l’apprivoise, et on la goûte…

 

Amour et liberté

« Il vaut toujours mieux être seul que mal accompagné », comme on dit. Et nous sommes responsables de ne pas laisser croire à l’autre en une réciprocité si elle n’est pas. Nous ne devons pas laisser autrui nourrir des attentes à notre propos, qui sont vaines et sans objet. Et ce, même s’il doit en souffrir en surface. Il faut savoir dire non, poser des limites, pour recueillir la liberté qui est la perle de l’amour.

Aucune relation d’amour vrai n’est possible, tant qu’on reste ainsi attaché et compromis.

Pourquoi ?

Parce que tant qu’on reste ainsi identifié à un ego séparé, on ne peut que chercher à se protéger d’un danger inexistant et à se mettre à l’abri de souffrances imaginaires. On ne peut ainsi que se centrer sur prendre, alors qu’il faut recevoir, c’est tout-à-fait différent. « Recevoir » est la même chose que « donner ». Mais pas la même chose que « prendre ».

C’est ce qui fait dire parfois, que pour pouvoir dire Oui, il faut d’abord dire Non. Il faut renoncer à la compromission pour se laisser toucher par l’Amour, intimement lié à la liberté.

 

Les compromissions ordinaires

Cette compromission de l’être qui n’ose pas assumer la sensation de solitude, peut prendre des formes très diverses :

  • les personnes qui restent finalement soumises à un/une conjoint-e, (ou associé-e/employeur, si on parle de business) alors qu’ils ne l’aiment plus ;
  • les personnes qui n’osent pas s’engager, allant éventuellement de flirts en flirts, même à un âge avancé de leur vie. Ou celles qui « jouent sur plusieurs tableaux » en même temps, pour se rassurer par la quantité de ce qu’ils ne trouvent dans la qualité ;
  • les personnes qui restent coincées dans un rôle familial ou professionnel, qui ne leur convient plus, ou dans une maison qui ne leur plaît plus (tandis qu’ils auraient les moyens d’être eux-mêmes, de réorienter leur carrière ou de déménager) ;
  • les personnes qui se sacrifient pour une cause quelconque, au détriment de leur équilibre et épanouissement personnel (au-delà de la noblesse effective de la Cause qu’ils défendent, que cherchent-ils ainsi à fuir à travers leurs excès et leurs sacrifices, qui ne sont parfois qu’une tentative de s’étourdir, de se dissoudre dans l’activité ?)
  • les personnes qui se caricaturent elles-mêmes, en se rigidifiant dans des positions politiques, religieuses, ou sociales radicales et sans nuances (pour se rassurer). Je veux parler par exemple de ces personnes ouvertement racistes, ou de ces militants qui tiennent toujours des propos improbables à propos de tout et n’importe quoi, de ces personnes extrémistes, tels ces chefs de famille tyranniques, qui se croient avoir tout pouvoir sur leurs proches, notamment celui de ne pas respecter leur intégrité… Pourquoi se réfugier dans de telles inepties, si ce n’est parce qu’on est coupé de soi, et que l’on voudrait compenser cela en régnant sur les autres ?

Ces exemples comme tant d’autres illustrent bien la peur du vide. Preuve d’une immense fragilité et détresse intérieure.

… Alors qu’il suffirait d’oser écouter la sensation de solitude et de vide, au lieu de prendre des mesures diverses pour la fuir.

Il faut apprivoiser la solitude, qui est toujours présente même en compagnie d’autrui, pour y découvrir l’amour, précisément en soi là où il n’y a personne. Alors seulement l’état d’amour est disponible et rayonnant, qui se manifeste par de l’amitié envers tous, mais sans dépendance, ni besoins, avec un respect inconditionnel.

 

Amour sans compromission

Aucune amélioration ne se présentera dans votre vie parce que vous romprez avec un proche ou parce que vous vous engagerez avec, tant que vous n’aurez pas d’abord accepté l’engagement envers vous-même. Il faut d’abord accueillir la sensation de vous-même pour ce qu’elle est, au lieu de la fuir, en la qualifiant de « solitude ».

Qualifiez la plutôt de complétude et goûtez-la, tout en étant éventuellement au milieu des autres. Alors seulement, l’intelligence infinie qui est à l’oeuvre à travers vous trouvera les moyens, là où vous êtes, de mettre de l’ordre dans votre vie, sans que vous vous en occupiez directement. Des décisions, vous en prendrez, mais elles couleront naturellement comme des évidences, sans effort, ni crainte.

Ainsi, la solitude ne doit pas être un retranchement, un renoncement, un défaut d’engagement afin de préserver son petit confort d’ego qui ne veut pas s’exposer au grand courant de la Relation. La solitude en tant que sensation du Soi, n’a ni besoin de rester seul, ni d’être avec autrui. Elle est une expression de la plénitude, qui rayonne en toutes circonstances.

Et, sans nourrir l’illusion d’un ego séparé, sans vouloir tirer avantage des relations, vous vous y adonnerez à votre mesure, sans rien en attendre, et sans jamais en être déçu, parce que votre bien être n’en dépendra pas. Le fait que votre être soit bien ne dépend que de lui-même, parce que, métaphysiquement, le bien est sa nature première.

Ce qui est sûr c’est « qu’il vaut mieux être seul que mal accompagné », comme on dit, et que nous sommes responsables de ne pas laisser croire à l’autre à une réciprocité d’attentes quand elle n’existe pas. On ne doit pas laisser autrui nourrir des attentes, qui sont vaines et sans objet. Et ce, même s’il doit en souffrir en surface. On l’a dit plus haut, il faut savoir dire non, et poser des limites, pour recueillir la liberté qui est la perle de l’amour.

 

Amusant parallèle

C’est amusant de réaliser l’analogie entre les deux situations suivantes :

  • celui qui se prend pour son ego, est parfaitement égoïste (jusque là c’est assez logique) et donc ne voit que lui partout. C’est ce que j’expliquais en disant que chacun se croit le personnage central de son propre film, prenant les autres pour des figurants sans importance comparée à la sienne. Les egos ne peuvent pas aimer autrui qu’ils ne voient même pas. Les egos ne peuvent que projeter leurs peurs et leurs désirs sur les figurants, qui ne sont là que comme faire valoir d’eux-mêmes… C’est bien frustrant de voir que l’autre se sert de nous, même quand il nous dit qu’il nous aime. Il joue à aimer quelqu’un, mais rien n’est vrai puisque tout est confusion, à cause de la fausse identification à l’ego.
  • celui qui ne se prend pas pour un ego, voit l’esprit partout. Il comprend et sent que partout c’est la même conscience du Soi en train de se manifester. Il y a un sentiment familier d’amitié affectueuse, même envers les personnes distantes ou hostiles, parce que tout est vu depuis l’Esprit. En fait, c’est même parce que l’Esprit se voit partout, que la même chose se passe avec l’ego, en reflet de ce Rayon.

Nous le disions au début de cet article, l’Amour est intrinsèquement libre. Si une relation vous enferme, c’est qu’elle n’est pas libre et que ce n’est pas l’amour qui y préside. Si vous aimez, vous n’avez pas peur de perdre l’autre. Vous ne craignez pas la séparation extérieure, parce que cet amour vous a unifié en vous-même, et que rien dorénavant ne pourra vous manquer. Vous serez donc heureux de laisser toute sa liberté à autrui, tout en assumant pleinement la vôtre. La loyauté est d’abord là, dans la fidélité à la liberté de l’être profond, avant de se trouver dans des notions presque insignifiantes (de fidélité sexuelle par exemple). Ayant été touché par l’Amour, un point d’amour s’est éveillé en vous, qui ne peut que se développer, jusqu’à ce que de plus en plus vous deveniez entièrement amoureux de la Vie.

Nota 1 : Je suis conscient qu’il y a pas mal de notions connexes dans ce texte, et d’allers-retours aussi entre les paragraphes. C’est peut-être pour mieux compléter des sujets déjà esquissés, fort des apports des éclairages complémentaires fournis entre temps par les paragraphes suivants. (C’est aussi parce que j’ai écrit ce texte sur plusieurs jours, en des contextes très différents, et que cela a peut-être perdu en fil directeur, ce que cela n’a tout de même pas perdu en cohérence).

Nota 2 : Il ne s’agit pas ici de justifier les handicaps relationnels qu’on peut avoir, et qui font que certains se réfugient dans la solitude. Il ne s’agit évidemment pas de maquiller nos défaites en victoire, et nos manques de courage en savoureuses rationalisations. L’incapacité à rester seul, tout comme l’incapacité à se montrer proche et intime, sont des handicaps à soigner, car la Relation juste est le grand Miroir par excellence, auquel il faut s’exposer et s’Adonner de tout coeur. C’est au prix des blessures de l’ego qui nous seront alors immanquablement infligées, que celui-ci sera vu et démasqué, qu’on pourra s’émanciper de l’emprise de l’illusion. Rester confiné en soi, au lieu d’aller au contact, n’est certainement pas une démarche initiatique, mais bien au contraire une désertion, qui ne souffre aucune justification sur le Sentier.