Pourquoi et comment prier, seront les deux questions que nous aborderons dans cet article.

Les bénéfices de la prière sont nombreux. Encore faut-il savoir prier. Et surtout : avoir envie de prier.

On ne peut pas forcer un âne à boire, paraît-il… A fortiori, on ne peut pas forcer non plus une âme à prier.

La prière est l’élan du coeur

La prière n’est pas quelque chose de sophistiqué. Elle peut éventuellement avoir été pensée, voire architecturée selon les Géométries de la Loi Divine, aussi bien dans le “texte” que dans “l’action  opérative”, mais elle doit surtout être constituée des mots et des gestes simples qu’offre spontanément un amoureux à sa bien aimée (ou l’inverse d’ailleurs, parce qu’on est tous, symboliquement “femelle” face au Principe, qu’on soit homme ou femme par la polarité sexuelle du corps physique).

La prière est l’expression de l’état d’amour que l’on cherche à honorer et amplifier, c’est donc en lui qu’il faut tout d’abord s’établir.

Au diable donc les rituels sophistiqués, les démarches trop construites si, au lieu d’exhausser l’amour, elles enferment l’âme sous une approche mentale et volontariste (qui dans ce cas, fait la part belle à l’ego).

Se comporter en amoureux de la Vie, amoureux de l’Unité, amoureux de Dieu, amoureux de ce que l’on appelle “le Soi” (au-delà du “moi”), amoureux de l’état d’amour… Là est la clé première de toute prière vibrante, pour ne pas dire ardente.

Prière ardente

Il faudrait prier, comme si c’était à la fois la première et la dernière fois, comme si on venait de naître et comme si on allait mourir dans un instant. Sans peine, sans hâte, sans jugement et sans comparaison, sans attente et sans espoir, juste se donner et s’abandonner avec candeur et confiance.

Prier comme si la vie d’un être cher en dépendait, prier comme si on déclarait sa flamme, prier de toutes ses forces comme on dit, prier avec concentration…

Pas prier machinalement, en récitant un truc automatique, comme un écolier fait ses devoirs, comme un sportif fait ses routines, pas “réciter” ni déclamer, mais incarner l’élan intérieur.

Cela dit, prier presque “machinalement” toute la sainte journée, en arrière plan des activités quotidiennes, comme dans l’hésychasme (la prière du coeur des orthodoxes), est tout de même une clé intéressante. A la suite de Saint Paul, qui exhortait ses disciples bien aimés à prier sans cesse, dans les récits du Pèlerin russe, on suit les aventures d’un être ordinaire qui s’adonne passionnément à la prière ardente. Il prie sans cesse, répétant un mantra “Seigneur Jésus-Christ, ayez pitié de moi, pêcheur”, comme un fou de Dieu. Il est évident dans ce récit, que notre héros est ardemment engagé, puisqu’il ne vit que “par et pour” cette prière. Il prie ainsi quand il mange, quand il parle, et même quand il dort. S’il vous prenait la fantaisie de vouloir essayer cette pratique, vous seriez peut-être surpris d’être réveillé le matin par la prière qui jaillirait spontanément de votre coeur avant même que le réveille ne sonne. En quelque sorte, c’est elle qui vous réveillerait. J’ai essayé, quand j’étais adolescent, et c’était adorable. Je n’ai pas continué, il faut croire que ce n’était pas ma voie ou que je n’étais pas prêt. Mais j’en garde un bon souvenir, comme si je savais au fond de moi, qu’il y avait là une poire pour la soif, un recours à toute épreuve en cas de besoin.

Prier facilement

Pour prier facilement, on peut bien sûr utiliser un texte, mais le mieux serait encore de prier avec son coeur. Malgré des imperfections dans les mots, il y aurait la perfection de l’élan, la perfection de la sincérité, la perfection de l’âme, qui s’abandonne pour se déposer et pour recevoir.

Nota : Le principe d’amour, et de sincérité, exclut un peu des textes anciens au langage dépassé, qu’on ne comprendrait pas bien. Et, cela va sans dire, il vaudrait mieux éviter les “formules” de grimoires absurdes, qui finalement ne sont pas autre chose que des prières d’ego, se croyant doté d’un pouvoir quelconque. Ce ne sont ni plus ni moins que de la magie noire, qui n’a rien à voir avec l’amour et la pureté de l’intention. Il n’y a pas de Non Nobis, dans une tentative de “dominer” les forces élémentaires par exemple. Ces forces on doit les respecter, parce qu’on les aime et les admire, avant de prétendre les canaliser, les orienter et ainsi les angéliser…

Les grandes prières enseignées par les Traditions seront excellentes, à condition d’en comprendre le sens et les mots, et si l’on souhaite s’engager dans le sillon tracé par les pratiquants précédents à travers l’histoire de l’humanité.

A ce propos, en récitant le Notre Père, par exemple, on peut être conscient qu’on s’appuie sur le magnétisme spirituel emmagasiné depuis l’aube des temps par les Esséniens, à la suite de l’Enseigneur Nazaréen, des plus grands Saints de son Eglise, et de toutes ces âmes pieuses qui ont osé s’ouvrir à la Foi, et se sont raccrochées à la prière pour traverser les épreuves de la vie.

N’ayons crainte de nous compromettre auprès de personnes du passé, avec lesquelles on ne se sentirait guère en affinité (comme les prêtres inquisiteurs ou pédophiles par exemple). Et ce, pour deux raisons :

• Nous ne sommes personne pour juger et rejeter autrui. Il n’y a pas de place pour ce genre de considérations qui viennent de l’ego, dans une démarche où les métaux n’ont pas entrée dans le Temple.
• Les courants spirituels ne conservent que le meilleur de chacun d’entre nous. L’âme noire se dissout quelques temps après le décès, les insuffisants se refondent, et il ne reste que les meilleurs dans un bain constitué de l’âme densifiée du “Corps Christique”, ce rideau rouge du Bardo Thödol.

Prière en mouvement

Ainsi, le “Notre Père” est une prière éminemment métaphysique. Elle chante la Géométrie d l’Octogone d’une manière parfaite. Elle est donc par excellence une prière opérative. Imaginez que vous puissiez prier dans un lieu octogonal, et qu’à chaque stance de la prière, vous vous déplaciez sur les plexus internes de l’octogone. Imaginez que sur chacun de ces points, vous vous tourniez dans la direction adéquate, en respirant avec des gestes qui expriment le sens des circulations des courants dans l’octogone de conscience. Ce serait une manière de vivre la prière, non seulement spirituellement et de toute votre âme, mais aussi avec votre corps. Quoi de mieux pour inviter la Lumière à s’incarner dans votre vie !

Prier selon ses convictions

• Priez la Vie, ou la Source, ou le principe d’Amour, si vous n’êtres pas “croyant” en Dieu. Ce ne sont que des mots, mais si les mots traditionnels de la spiritualité ne vous parlent pas, adoptez en d’autres. La question est de prier en Esprit, pas de rester victime de la Lettre. Certains sont enfermés dedans, c’est triste. Ce n’est pas une raison pour s’enfermer dehors. Ce n’est pas mieux 🙂 . Ce qu’il faut, c’est entrer dans “l’Esprit” de la prière. Peu importe la “Lettre”, que vous n’avez qu’à ignorer, si elle ne vous agrée pas.
• Priez selon vos croyances. Qu’il s’agisse d’Allah, de Jeohah, de Shiva, ou de tout autre nom qu’on a donné à l’unité-sorte, c’est de moindre importance. Ce qui compte dans la prière non superstitieuse, c’est le processus d’ouverture du coeur, la démarche de s’en remettre à plus grand que notre “petit moi” séparé, pour s’unir au Soi infini, quel que soit le nom qu’on lui prête.

Comment prier ?