L’énergie féminine est amplement sous-estimée. Ni les hommes, ni les femmes n’honorent le féminin de l’être, comme il le mérite.
Pire que cela : la dimension féminine est méprisée, le « féminin de l’être » semble être ignoré ou amoindri par les grandes religions, et les femmes sont même encore martyrisées de par le monde.
C’est la grande tare de notre humanité, qui en mourra si elle ne se rectifie pas.
Holocauste féminin
L’humanité qui est fondamentalement UNE (une seule unité. Et pourtant, notre humanité, depuis des millénaires, s’ingénie à disqualifier, mépriser, rejeter l’énergie féminine au profit des seules valeurs masculines. En occident, l’inquisition a été jusqu’à brûler des sorcières dans toute l’europe et proférer massivement un véritable crime contre l’humanité (plusieurs centaines de milliers de femmes passées au bûcher) :
Les premières « chasses aux sorcières » débutèrent vers le milieu du 15ème siècle, à la toute fin du moyen-âge. On peut dater plus précisément la première vague de répression, menée par les tribunaux de l’Inquisition, de 1480 à 1520.
Mais la plus intense folie meurtrière eut lieu entre 1580 et 1630, et fut menée par des tribunaux séculiers.
On peut observer ce phénomène principalement en Allemagne, en Suisse et en France, mais également en Espagne et en Italie. Cette première vague dure environ jusqu’en 1520. Puis une nouvelle vague apparaît de 1560 à 1650. Les tribunaux des régions catholiques mais surtout des régions protestantes envoient les sorcières au bûcher. On estime le nombre de procès à 100 000 et le nombre d’exécutions à environ 50 000. Brian Levack évalue le nombre des exécutions à 60 000. Anne L. Barstow révise ces nombres et les élève à 200 000 procès et 100 000 exécutions en prenant en compte les dossiers perdus… (wikipédia)
Et, comme de ce point de vue, tout le monde a droit aux palmes de la décadence, dans les sociétés traditionnelles aussi : le féminin est largement méprisé et oppressé. Faut-il rappeler par exemple :
- les femmes japonaises dont on bandait les pieds au siècle dernier, pour en faire de jolies geishas aux service du plaisir de l’homme,
- l’excision des petites filles africaines afin de les prévenir de toute revendication au plaisir sexuel,
- les jets de vitriol en Inde sur les jeunes femmes,
- ou les viols systématiques perpétrés par les forces armées de tous les pays (par exemple récemment en Serbie, où on a été jusqu’à organiser des « camps de viol ») etc… ?
L »horreur n’a donc pas de limites ! Quand se rendra-t-on compte que toutes ces femmes maltraitées sont « nos » femmes, les femmes de « notre » humanité ? C’est notre propre féminité que nous bafouons. C’est nous-même, collectivement, que nous blessons et avilissons de la sorte…
Le mépris du féminin nous perdra
Le problème, en pleine décadence des valeurs d’équilibre, c’est que la caricature du masculin conquérant est sur développée, au détriment de l’énergie féminine qui est méprisée et atrophiée :
- L’humain fait la guerre à la nature, avec sa pensée matérialiste, ses élevages animaux industriels (appréciez l’ineptie d’accoler ces deux termes !!!), ses laboratoires aux vues principalement financières, son agriculture agressive, ses industries polluantes, ses guerres sales qui détruisent les biotopes à grands coups de bombardements, etc… Tout ça au nom de la souveraine conquête : conquête de l’espace, maîtrise de la météo, contrôle de l’énergie (au nom de laquelle on pille sans retenue toutes les réserves de notre biotope vital qui a besoin de toutes ses composantes en équilibre pour assurer la préservation de la vie, c’est tellement évident !), etc…
- Le féminin est déprécié partout : mépris pour les pratiques traditionnelles et la sagesse ancestrale de toutes les civilisations, déni des facultés psychiques subtiles systématiquement moquées dans les médias, mépris des femmes évidemment (partout moins payées que les hommes et très largement sous représentées aux postes de pouvoir, sans parler des sévices sexuels, ailleurs bien sûr, mais ici aussi !…). La spiritualité vraie est amalgamée aux religions dépassées ou aux fanatismes sectaires, afin de mieux la discréditer. Tout ce qui est corporel, intime, intérieur, vertical est évité au quotidien, pour ne s’adonner qu’à des activités mentales, dans la perspective d’un but horizontal. Même chez la plupart des êtres ayant une intuition spirituelle, chacun mène une vie matérialiste, émaillée de quelques aspirations mal reconnues et mal honorées…
Il faut absolument développer le féminin sacré, pour ré-équilibrer ce déséquilibre manifeste
Les trois symboles de l’énergie féminine
Dans les traditions Druidiques ancestrales, la femme était le triple symbole vivant de :
- la pureté et la beauté (la féminité adolescente) : on célèbre alors la beauté du genre humain à travers la splendeur de la femme. C’est l’univers de la voyance pure, de l’aimantation exercée par l’amante, sur l’homme bien sûr, mais aussi sur la nature et ses forces élémentales… (voir la carte de la Force dans le Tarot traditionnel, représentée par une jeune femme ouvrant avec aisance la gueule d’un lion, qui signifie la Grâce avec laquelle la pureté vient à bout des difficultés naturelles).
- la maternité, la maturité du féminin qui s’exprime à travers le sacrifice de la grossesse et l’amour maternel inépuisable
- et enfin : “la vieille femme la mort”… Et oui, car la vie s’exprime dans un cycle infini qui inclut la naissance, l’apogée, et la mort (ultime compassion qui soulage des souffrances et offre l’accès à la suite de l’aventure sur un plan sublimé). En ce sens la femme représente la nature, NOTRE PLANETE, mère de l’humanité. A l’instar de la femme, cette planète est porteuse du “mystère”. Toutes les Traditions l’ont vu et chanté à leur manière. Et toutes les décadences ont aussi évidemment pris la femme pour bouc émissaire (l’inquisition catholique a brûlé tellement de pseudo sorcières qu’elle n’a rien a envier aux pires fantasmes des fanatismes d’autres religions). Mais le pompon revient aux matérialistes et pseudo scientifiques, qui défigurent la vie en niant l’âme des choses, et assassinent la planète, au nom de la productivité et du profit absurde… Au-delà des querelles philosophiques, cette forme de masculinité émasculée détruit l’essence même de la vie, au profit de… rien du tout ! C’est de la pure perte.
Nota : Cette “vieille femme la mort” symbolise aussi la sagesse, issue de l’expérience, et le pouvoir sur la nature. Dans le Tarot symbolique : la pureté de “La Force”(Arcane XI) vit en osmose avec la nature, mais sans la dominer, comme le fait plus loin “Le Fou” (Arcane XXII), ultime stade de la libération pleinement réalisée.
L’énergie féminine, c’est l’Amour lui-même
Maître Philippe de Lyon disait, paraît-il : « Un homme aime d’abord une femme, puis toutes les femmes, puis tous les êtres ». Parce que la femme semble être dotée du pouvoir de faire accéder à l’AMOUR, à travers l’amour qu’elle inspire, quand il y a correspondance entre elle et un autre être.
Il semble cependant que tous les humains n’aient pas forcément la grâce de pouvoir se révéler à travers la magie de la relation amoureuse. Mais, c’est néanmoins une Voie ouverte à tous. Peut-être la plus haute. En tous cas, beaucoup y aspirent, ressentant l’appel, sans toutefois parvenir à aimer vraiment, enfermés qu’ils sont dans les peurs qui figent la conscience, en s’identifiant à l’ego.
C’est la quête d’une vie entière, la queste de la vie tout court d’ailleurs. Et on n’y peut presque rien. C’est peut-être un destin, une disponibilité obtenue probablement par la maturité de la conscience…
Heureusement, toutes les voies d’amour conduisent à l’AMOUR :
- L’amour pour nos parents, et pour nos enfants (et avec eux l’amour pour les petits et tous les fragiles),
- pour tout ceux qui nous inspirent (et celles et ceux dont on est amoureux)
- pour la nature et pour la vie
- pour Dieu, autrement dit pour l’Amour lui-même
La puissance de l’énergie féminine, c’est d’inspirer aux autres cet AMOUR infini, que la femme incarne, et qui touche l’homme jusqu’aux tréfonds de son cœur, quand c’est son destin individuel de connaître cette connexion particulière et intime avec l’énergie féminine sous une forme particulière.
L’orgasme du corps est à cette image, qui n’en est pourtant qu’un pâle reflet quand il n’est que mécanique ou psychologique. Quand il est complet, alors il n’engage pas que le corps, faisant puissamment vibrer l’âme, et éveillant l’esprit.
Lorsque cette forme d’éveil est en cours dans l’être, mille détails viennent entretenir la flamme de l’amour expérimenté : le son de la voix, le sourire, une mèche de cheveux, l’effluve d’un parfum, un trait d’esprit…
Après que cela ait été vu et apprécié suffisamment longuement, tout cela, on le retrouve ensuite partout. Même chez les inconnues chez qui auparavant on ne percevait pas l’énergie féminine, impersonnelle et universelle. Voyons les formes que peut prendre cette énergie féminine à travers différentes sortes de femmes.
Les formes d’énergie féminine
Dans l’expérience d’un homme, l’énergie féminine prend la forme de plusieurs sortes de femmes. Voyons en différents cas de figure :
- Il y a d’abord la femme, que l’on ne connaît pas ou que l’on croise sans la voir, ni la regarder. Elle reste une inconnue. Parmi elles, il y a les femmes sur lesquelles sont éventuellement projetés des fantasmes divers. Heureusement pour elles, cela ne les concerne en rien. Ce ne sont que des images sorties de l’imaginal, et aussitôt dissoutes, tandis que la vie passe, intacte et superbe.
- Il y a également la femme amie. On respecte sa vie de femme, sa divinité de femme même (autant qu’on respecterait celle d’un homme), mais sans pour autant y communier. Il peut bien sûr se construire là de belles amitiés, dans une sorte de fraternité, au sein de laquelle les subtilités de l’âme peuvent être partagées et appréciés dans leurs signatures. Là, parfois, un parfum d’Unité peut surprendre. Mais, il n’invite pas à aller au-delà, si les correspondances ou les circonstances ne permettent pas d’aller au-delà. L’expérience totale est tellement engageante, qu’on comprend bien qu’on ne peut la vivre à tout bout de champ avec n’importe qui.
- Et puis, il y a celle(s) que l’on a la grâce d’aimer. De différentes manières, à différents degrés d’intimité. C’est à travers l’amour dont elle est l’objet, qu’elle peut à son insu révéler l’infini dont elle est porteuse. Ainsi, son simple regard, l’innocente forme de ses poignets, sa poésie, son humour, sa tendresse, sa sensualité, sa magie sous différente formes, sont autant d’entrées possibles dans le Sacré, si l’aimant y est sensible.
- Enfin, il y a les instants magiques, où se rencontrent les deux polarités de Dieu Unité : l’énergie féminine de l’être suprême révélée à travers un être humain de sexe féminin, et le masculin de l’être suprême révélé chez un humain de sexe masculin, peuvent se reconnaître mutuellement. Alors, les deux aspects de l’Unité peuvent communier au sommet, à travers la dualité, à travers la conscience émerveillée de deux petits être humains, soudain ravis un instant jusqu’aux Cieux. Là, il n’y a plus de mots, à part AMOUR. Et c’est pour eux la grande expérience, qui dépasse les limites du temps. Même la mort (ou d’autres formes de séparation, comme l’abandon ou la trahison), ne peuvent effacer cet ineffable. L’Unité s’est révélée là, qui a été vue et restera toujours en arrière-plan de tout le reste, apportant toujours et partout un fond de :
- Paix des profondeurs.
- Joie sans objet.
- Amour pour tous.
- Infinie liberté.
Ceux qui ont vécu ne serait-ce qu’un aperçu de cette expérience d’amour intense, savent que ce n’est pas exagéré. Mais il est inutile de fantasmer avec ça. On le vit à des degrés divers. Des fois ce n’est que « du coin de l’oeil » en quelque sorte. Mais c’est déjà une préparation pour une prochaine ouverture.
(Ce sujet est développé de façon complémentaire dans cet article : « Rester ensemble ou se séparer ?« )
La magie de l’énergie féminine
Même lorsqu’elle ne se sait pas « magicienne », la femme en est une, sans le savoir.
Plus spontanément et profondément que ne peut le faire un homme, elle imprègne ce qu’elle touche, elle charge de beauté les choses auxquelles elle prête son attention.
- Un objet qu’elle a pris dans ses mains vibre plus fort.
- Une chose dont elle a parlé devient plus vivante.
- Elle embaume l’environnement dans laquelle elle évolue.
La façon dont elle décore son environnement est une manière d’inviter l’invisible à s’y épanouir, selon ses correspondances.
Et elle est charmée qu’on s’en aperçoive, et qu’on apprécie ainsi son essence féminine. Car ce charme même, c’est ce qu’elle est, intrinsèquement. Et ce charme fonctionne dans les deux sens. Si bien que parfois, elle tombe elle-même sous son propre charme, quand elle le réalise. C’est bien naturel.
Pour le meilleur (et souvent pour le pire), sans doute ensuite est-elle aimantée symétriquement par l’énergie masculine de l’aimant, avec qui les échanges impersonnels du Yin et du Yang pourront s’épanouir sous mille facettes complémentaires, comme évoqué plus haut.
Il faut dire qu’elle est faite pour le connaître et l’aimer, afin de révéler en elle son propre Yang. Lui aussi, c’est cela qui l’attire chez elle : pouvoir grâce à elle et à son contact, révéler son Yin intérieur, afin de devenir un homme complet. Autrement, il restera en enfance toute sa vie.
La dépendance affective
De l’échec fréquent de cette rencontre entre l’énergie féminine et l’énergie masculine, découlent bien des misères :
- L’adulation pour la femme idéalisée. Ce n’est là qu’une forme détournée de mise à distance sous prétexte de piédestal.
- Bientôt, la possessivité, et la jalousie, qui vont avec, entraînant leur lot de suspicions, de reproches, de plaintes, de justifications.
- Et puis bien sûr, les jugements, les interprétations, et les manipulations diverses, tels que les jeux de séduction et de domination/soumission, à l’occasion desquels la relation s’obscurcit.
Bref, on est parti pour le grand huit des montagnes russes émotionnelles, dans lesquelles on se perd dans la confusion…
La « passion » dure un temps. Puis viennent les épines de la rose tant désirée, où perle le sang des doigts inexpérimentés, qui prétendaient malgré tout profaner le mystère.
Alors, mille contrariétés transforment le doux rêve en cauchemar. D’amoureux, on devient indifférents ou hostiles, chacun croyant défendre sa peau, alors qu’il n’en est rien. Ce n’est que temps perdu à tourner en rond, tandis que la Vie passe.
Nota : Le mot « passion » veut dire souffrance. Le mot souffrance ne vient pas du mot « soufre » mais ils ont la même phonétique. En alchimie, soufre signifie « esprit ». C’est le soufre qui se marie au mercure, comme l’esprit à la matière. C’est ainsi que la souffrance provoque l’éveil et le développement de la conscience.
Les fruits de l’expérience
On passe sa vie parfois à rechercher le véritable amour, tandis qu’il survient parfois très tôt, mais qu’on ne le cueille souvent en plénitude qu’assez tard, après bien des errances.
Les chevaliers du Temple se dénommaient eux-mêmes : « la légion des repentis ». Pourquoi ? Mais parce qu’ « il faut descendre pour monter » (selon un vieil adage initiatique), et se tromper pour pouvoir se rectifier.
Les Galaad « tout purs » sont un mythe pour désigner l’éternelle pureté de la conscience immaculée, mais pas une réalité à la lettre (sauf exception). Dans la vie, on va de l’inconscience à la conscience, des ténèbres à la lumière. Donc il y a toujours de quoi se relever, puisqu’on tombe forcément en apprenant à marcher.
C’est encourageant : Pas de perfection en ce « bas-monde » :-). Mais, en revanche, la possibilité certaine, après s’être désillusionné, de découvrir que toutes ces imperfections étaient l’essence même de la perfection d’ensemble. Ce qui fait dire que : « les imperfections sont absolument parfaites ! ».
Des auteurs évoquent l’énergie féminine
Connaissez-vous le roman de François Cheng intitulé « L’éternité n’est pas de trop » ?
C’est l’histoire d’un vieux Taoïste, qui retrouve des années plus tard la dame que jadis il n’avait pu épouser, alors qu’il en était follement amoureux étant jeune. Malgré le poids des ans et le cours tumultueux de leurs vies respectives, leurs sentiments se révèlent intacts et sans doute encore plus délicats que s’ils avaient pu consommer leur relation dans une vie ordinaire. L’alchimie du cœur a ses secrets… Cette fiction sympathique illustre bien comment, dans l’incarnation, l’amour peut se déployer sous différents scénario possibles, et s’apprécier tardivement avec une finesse encore plus grande qu’à travers les élans purs de la jeunesse.
Nous sommes reconnaissants à des hommes comme Luis Ansa d’avoir redonné ses lettre de noblesse à l’énergie féminine sur le Sentier initiatique, en montrant bien dans ses romans et ses enseignements, que c’est l’énergie féminine qui révèle l’énergie masculine.
Pour poursuivre cette lecture, vous pouvez la prolonger par cet autre article : « Rester ensemble ou se séparer ? »