Qu’est-ce que l’allégorie de la caverne de Platon, également connue sous l’appellation “mythe de la caverne” ?
Dans cet article, nous utiliserons cette métaphore pour évoquer l’éveil spirituel, le retournement de la conscience, qui fait qu’on voit les choses telles qu’elles sont, au lieu de les rêver…
La caverne de Platon est une allégorie célèbre, qui met en scène les humains prisonniers au fond d’une caverne, tournant le dos à la lumière et ne vivant leur vie qu’à travers les ombres projetées sur la paroi de la grotte.
Ils sont emprisonnés et fascinés par des illusions, au lieu de vivre leur vie en pleine lumière, dans la claire liberté de la Conscience éveillée…
La caverne de Platon
« Figure-toi des hommes dans une demeure souterraine, en forme de caverne, ayant sur toute sa largeur une entrée ouverte à la lumière ; ces hommes sont là depuis leur enfance, les jambes et le cou enchaînés, de sorte qu’ils ne peuvent bouger ni voir ailleurs que devant eux, la chaîne les empêchant de tourner la tête ; la lumière leur vient d’un feu allumé sur une hauteur, au loin derrière eux ; entre le feu et les prisonniers passe une route élevée : imagine que le long de cette route est construit un petit mur, pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes dressent devant eux, et au-dessus desquelles ils font voir leurs merveilles. » Platon, La République, livre VII
Le mythe de la caverne de Platon se poursuit par l’évasion d’un des prisonniers, rejoignant la lumière du jour, qui voit alors les choses telles qu’elles sont réellement. D’abord aveuglé, il sera ensuite ravi par cette connaissance et refusera de redevenir esclave. Cependant, quand il y retournera tout de même, par solidarité avec les autres esclaves, il leur expliquera l’erreur qu’ils commettent à prendre pour réalité ce qui n’est qu’illusion.
Mais ils le prendront pour un fou et tenteront de le punir pour de telles affirmations mensongères et hérétiques !
L’éveil est justement cette expérience, à la fois brutale et progressive, qui amène la conscience à voir à l’endroit ce qui auparavant était vu à l’envers :
- Tout était vu du point de vue de l’ego, reflet de l’esprit
- Dorénavant, l’être sera libre des chaînes qui le retenaient dans la pression de conformité, à la fois victime de ses instincts et de la tyrannie de ses pensées incanalisées.
L’éveil spirituel : s’échapper de la caverne de Platon
L’éveil spirituel est la reconnaissance par « l’esprit que nous sommes », du mécanisme par lequel nous nous identifiions à une pauvre projection de nous-même sur l’écran mental (la paroi de la caverne de Platon). Nous sommes fascinés par les ombres projetées sur le mur, et nous nous prenons pour ce que nous ne sommes pas.
L’éveil spirituel est simplement cette reconnaissance, directe et intime, de l’esprit que nous sommes.
En s’interrogeant intérieurement sur l’identité et la nature de ce qui est conscient de nos pensées, émotions et sensations, on voit clairement que « Je » est ce qui est conscient de tout cela. Mais on voit également que « Je » n’est pas tout cela dont je suis conscient. Car à la différence de ce « Je » qui est conscient (et constant), les contenus de la conscience vont et viennent sans continuité : avant qu’ils n’apparaissent dans le champ de la conscience, “je” suis déjà là, et quand ils disparaissent, “je” suis encore là. Ce que je suis ne peut pas être, puis ne plus être, puis être de nouveau. « Je » suis forcément constant, en arrière plan des mouvements dont « je » suis conscient…
Voyons deux notions liées complémentaires à l’éveil spirituel :
- celle d’initiation
- et celle de réalisation spirituelle.
Nous allons en proposer une définition, afin d’éviter les confusions qui embrument la question..
1- Qu’est-ce que l’Initiation ?
Le mot initiation désigne à la fois la première « ouverture » et le processus, qui va d’un prémisse d’éveil à un éveil complet, lequel termine de nous ouvrir les yeux. C’est un processus qui peut durer des années. On peut ne rien vivre de tellement “spécial” qui puisse se situer dans le temps comme un fait marquant. Mais il est un fait que les choses ne sont plus vues de la même façon qu’avant. Un certain nombre de grandes orientations ont été progressivement (ou brutalement) modifiées. Des grands choix structurants, ont été actés pour que toute la vie soit centrée sur l’Essentiel. Et puis peu à peu, on passe à une maille plus fine, à un travail intérieur de chaque instant, dans les micro situations de tous les jours, où s’exerce la discrimination pour ne plus tomber dans le panneau de l’illusion mentale.
L’initiation est affaire de lucidité et de liberté
Pas du tout une question de croyance et de soumission. C’est un processus actif et responsable qui part du plus profond de soi-même :
- On s’initie donc soi-même, on ne peut pas être initié de l’extérieur par quelqu’un (même si cela n’est qu’une façon de parler, parce que c’est souvent au travers de la relation à quelqu’un qu’on est brutalement mis face au miroir de soi-même). On ne peut pas « subir » une initiation, en être en quelque sorte l’objet : on ne peut qu’en être le sujet, puisque le contact avec la profondeur de l’être est la révélation même de ce que nous sommes !
- On n’est pas initié « un beau jour, et voila c’est fait », comme un adolescent perdrait un jour sa virginité. C’est un processus discontinu mais progressif. Il y a des sauts quantiques, des prises de conscience brusques, des moments où la vue s’éclaircit, et puis des périodes de digestion et d’apparente stagnation. Tout cela prend « un certain temps »…
2- Qu’est-ce que la “Réalisation” spirituelle
L’éveil est un processus, qui va de l’initiation jusqu’à la réalisation.
La Réalisation, c’est le prolongement jusqu’au corps et jusque dans les moindres détails du quotidien, de cette incision initiale de la conscience, qui a suscité ce qu’on a appelé « l’éveil spirituel ».
La démarche initiatique nous met en contact progressivement avec des niveaux de conscience de plus en plus profonds, de plus en plus vastes, mais aussi de plus en plus simples. De l’éveil progressif à la réalisation plénière de cet éveil il y a probablement quelques pas à franchir…
La conscience étant hors du temps, l’éveil de cette dernière est donc plutôt une non-expérience, qu’une expérience inscrite dans le temps, qui, par essence, est infini au sein de la Relativité.
La Réalisation spirituelle ce serait donc l’inscription plénière dans le temps d’une reconnaissance : celle de la non temporalité de l’esprit… Donc, on pourrait dire que la conscience de soi est intemporelle, mais que l’expérience de cette conscience s’inscrit quelque part dans le temps.
Mais, vous savez, quelque part dans le temps, cela ne veut pas dire grand-chose, car en fait le temps n’est qu’un concept, une convention mentale.
La seule expérience qu’on peut faire est celle de l’instant présent. Personne n’a jamais vécu l’instant d’avant ou ne vivra l’instant d’après : lors de l’instant d’avant, la personne a vécu l’instant présent, et lors de l’instant « suivant », elle ne vivra encore que l’instant présent.
- Du point de vue éveillé, l’initiation, l’éveil spirituel et sa Réalisation ne s’inscrivent que dans le seul instant présent, qui est hors du temps.
- Et, bien sûr, du point de vue du mental qui croit les choses séparées, ces « évènements » s’inscrivent de façon séquentielle, dans la durée du temps linéaire…
Bien entendu, nous sommes tous différents les uns des autres, et nos parcours sont à l’infini complémentaires les uns des autres. Alors pour quelle étrange raison imaginons-nous parfois que l’éveil spirituel devrait être vécu de la même manière par tous ?
Il n’y a pas à se comparer, c’est impossible.
Différentes formes d’éveil spirituel
Certains vivent un éveil spirituel qui se manifeste par une expérience de signes extérieurs d’éveil spirituel (par exemple : des états de conscience non habituels, des tremblements du corps, des crises de larmes ou de rires). Mais comme le dit Rupert Spira, ces signes d’éveil spirituel, ces symptômes en quelque sorte, ne sont pas l’éveil spirituel lui-même, mais plutôt sa manifestation dans la forme.
Celui-ci est très subtil et très délicat, comme notre vraie nature spirituelle est subtile et délicate. Ce qui est phénoménal (et « lourd ») c’est l’effet du relâchement de nos contractions antérieures, surtout si il a lieu d’une manière brutale.
- Le mental libéré du carcan des fausses croyances se détend et l’on vit une sensation mentale d’expansion. Le changement des points de repère peut provoquer des sensations de vertige, parce que le mental essaie encore de retrouver les points fixes dont il avait l’habitude. Mais comme ils apparaissent dans leur nature illusoire, c’est comme si ils avaient disparu et cela peut créer cette sensation de déséquilibre.
- Le corps, soudain libéré du fardeau de contractions musculaires parfois extrêmes, peut réagir d’une manière qui lui est propre (éventuellement : rires, larmes, tremblements, perceptions de lumière, sensations de dislocation etc…). On peut même imaginer qu’il se produise dans l’environnement de cet éveil spirituel certaines répercussions, comme des signes de la nature. Mais à quoi bon lister ce qui d’une part est infiniment varié dans la forme, et d’autre part sans intérêt par rapport à ce qu’est véritablement l’éveil spirituel.
S’éveiller spirituellement, est un réveil de l’esprit que nous sommes, dans l’âme et le corps que nous avons (et que nous sommes aussi, mais c’est pratique de distinguer « être » et « avoir » dans cette phrase, pour situer ce que nous sommes au plus profond par rapport aux formes que cela prend dans la projection dans le concret).
Pour aller plus loin sur les notions d’initiation, lire aussi cet article complémentaire sur la contre-initiation.
Voir aussi cet article complémentaire : “Qu’est-ce que l’ego ?“
3 commentaires sur « L’allégorie de la caverne de Platon »
Les commentaires sont désactivés.