Comment mener une vie spirituelle ?
Qu’est-ce que cela signifie “une vie spirituelle” ?
- Déjà, pour commencer, comment la vie pourrait-elle ne pas être spirituelle ?
- Ensuite, comment mener une vie spirituelle, sans aucune confusion avec la religion ?
- Comment mener une vie spirituelle, en restant libre, mais sans le faire en dilettante ?
Il n’y a pas d’autre vie qu’une vie spirituelle
Vouloir démontrer quoi que ce soit ou chercher à convaincre quiconque serait une entreprise vaine et vouée à l’échec.
D’ailleurs, si vous lisez cet article, sur ce site de spiritualité pratique, c’est que vous êtes déjà convaincu de l’intérêt de mener une vie spirituelle, et que probablement même vous menez déjà en partie une vie à caractère spirituel.
A moins d’être désespérément perdu dans sa tête à broyer des raisonnements décorellés de toute expérience directe de la vie immédiate, chacun sent bien au fond de soi cette évidence que la vie n’est pas que matérielle.
C’est en effet une intuition largement répandue, tout en étant souvent recouverte sous des couches et des couches de matérialisme et parfois rationalisme scientifique.
A l’aplomb de tels dénis, il y a de la souffrance non reconnue. Comme toute souffrance, celle-ci est respectable. Mais n’en restons pas là et allons plus loin.
Vous êtes et vous êtes conscient
- Vous constatez que quelque chose est là, à l’intérieur, qui est conscient. Ce quelque chose, ordinairement on considère que c’est vous. On dira simplement que “vous” êtes conscient. Probablement encore plus que les animaux, les végétaux et les minéraux, vous êtes conscient.
- Mais comment savez-vous que quelque chose est conscient ? Vous ne savez pas comment vous le savez, vous ne pouvez pas le démontrer ou le prouver, mais cela s’impose comme une évidence : vous êtes là, et vous en êtes conscient !
- Cela signifie aussi que vous êtes conscient d’être conscient ! Il semble que ce soit, par nature, un attribut intrinsèque de la conscience que d’être consciente d’elle-même.
- Vous n’êtes pas une illusion, et vous le savez intimement.
Comment le sait-on ? Comment en être sûr ?
…Personne ne peut le dire, parce que cette conscience est une évidence qui s’impose à tous, sans qu’on sache ni comment ni pourquoi. C’est un fait : « je suis ! ». Cette expérience est immédiate, et au-delà du langage. Donc elle reste sans mots…
Je ne suis pas forcément que mon corps, ou que mon personnage social, mais il est certain que : je suis !
Et ce « je suis » est toujours présent, tandis que le corps vit sa vie (et bientôt sa mort). Ce « je suis » n’est donc pas lié au corps. La représentation mentale qu’on a de cette conscience est liée au cerveau, qui lui dépend du corps, mais la conscience n’est pas la représentation mentale qu’on s’en fait.
- Alors, que fait-on de cette « évidence » dans notre vie quotidienne ? (évidence, au sens où elle s’impose, au-delà des raisonnements, au-delà du mental discursif)
- Comment est-on cohérent avec ce pressentiment que la vie n’est pas que matérielle ?
- Comment fait-on pour vivre en alignement avec ces convictions, indépendantes de toute croyance et de toute théorie fumeuse ?
La spiritualité au centre
Il n’y a pas besoin de segmenter sa vie entre spirituel et matériel. La spiritualité, c’est tout simplement vivre les situations du quotidien en pleine conscience, dans une perspective spirituelle.
La vie spirituelle est non seulement au centre, mais elle est le centre !
Elle est aussi le pourtour, qu’on le veuille ou non, qu’on le sache ou pas… La vie spirituelle est la vie tout court. Il faut juste s’en rendre compte. Et cela vient tout seul quand c’est mûr. Pas besoin de s’agiter.
Ce schéma de Géométrie sacrée, nous montre que le Cône (qui représente l’individu) partage son centre avec la Sphère (qui représente le Principe). Ainsi, est-on au centre de Tout, en se positionnant simplement au centre de soi-même…
Dès lors qu’on se sent attiré par la spiritualité, la question se pose de la place qu’on va lui accorder dans notre vie. Le choix se pose en des termes très simples :
- Est-ce que la spiritualité est centrale dans ma vie, ou bien est-ce que c’est un à-côté, un petit plus, un centre d’intérêt “culturel” en quelque sorte, un loisir, un “hobby” ?
- Est-ce que j’organise toute ma vie matérielle d’abord (et dans ce cas, je mets la matière au centre) et ensuite je vois la place qui reste pour une vie spirituelle (et je m’aperçois qu’il en reste bien peu) ?
- Ou bien est-ce que je choisis de mettre la démarche spirituelle vraiment au centre de ma vie, et le reste se placera comme il pourra, dans les trous laissés dans mon agenda ? C’est le choix inverse du précédent…
- Mais doit-on vraiment opposer ainsi les choses, s’excluant dès lors mutuellement ?
Une vie spirituelle ordinaire
Si on veut incarner sa spiritualité, on ne peut pas se contenter d’opposer la vie spirituelle à la vie non spirituelle, parce que la vie est “Une”.
Et plus vous êtes ouvert à la spiritualité vivante, plus les cloisons érigées par le mental s’effritent, s’effondrent, disparaissent. Et votre vie redevient simple : vous êtes “à la ville comme aux champs”, dans votre vie privée comme dans votre vie publique, le même être, tranquille même dans l’agitation.
La vie spirituelle ne peut pas n’être qu’un à-côté de la vie ordinaire, comme un hobby auquel on s’adonnerait quand on se serait acquitté de ses priorités.
La vie spirituelle EST la vie ordinaire : aller au travail, préparer à manger, faire les courses, répondre à des mails, supporter la pression du boulot, les désagréments divers des transports en commun, manger une pomme, se laver les dents, etc…
On peut par exemple pratiquer la méditation tous les jours de 7h à 7h30, ou bien faire du yoga tous les soirs, ou prier tous les jours ou pratiquer toute autre activité supposée « spirituelle » entre telle heure et telle heure…Mais ça, ce n’est pas la vie spirituelle. Ce sont des activités à caractère spirituel. Et une vie spirituelle peut parfaitement en être agrémentée ou bien s’en passer totalement. En fait, cela n’a presque rien à voir !
“Combien savent, que tel un mercure agité…
Votre corps, est le siège de sensations, qui par essence, sont pures.
Vos intuitions à propos de l’Unité sont justes. Vous pressentez bien qu’il y a un Ordre sous-jacent à la réalité constatée, vous ne pouvez pas envisager qu’elle n’ait pas une une Origine, un principe source… (voir à ce propos notre article “Qu’est-ce que Dieu ?”)
La dimension spirituelle de la vie ré-enchante le quotidien, parce que tout y est plus vivant.
La spiritualité ne peut donc en aucun cas être une fuite, ou un refuge vers un ailleurs imaginaire. C’est au contraire la seule manière d’être présent à l’instant présent, d’avoir les deux pieds sur terre et les yeux grand ouverts en face des trous.
La spiritualité ne se vit donc pas que dans les monastères ou dans une grotte du Tibet. Au contraire, la conscience spirituelle, c’est “toujours ici et toujours maintenant”. Pas la peine d’aller chercher bien loin ! On peut embrasser la planète entière, sans bouger de son toit…
« Combien savent que tel un mercure agité,
même en changeant de lieu on ne peut en sortir,
puisque tout l’univers tient au creux d’une main ?
Le sage qui dès lors a compris cet arcane,
embrasse le monde entier, dont ainsi il s’Évade
sans bouger de son toit.
Mais les grands capitaines enflammés du cerveau,
prisonniers de leurs chaînes, sont de tristes culs-de-jatte,
qui ne soumettent rien !» – Poésie de J. Breyer
Cela dit, si vous aimez les voyages, pourquoi pas s’en offrir un, qui vous emmènerait vous dépayser dans une contrée lointaine, pour y recevoir une impulsion, une inspiration, une stimulation ponctuelle ? Fort de cette rencontre avec vous-même (que vous n’auriez probablement pas faite de la même manière si vous étiez resté chez vous), vous en reviendrez probablement inspiré et enrichi.
Mais si la conscience est partout, elle n’est pas plus là-bas qu’ici… mais pas non plus davantage ici que là-bas !
Alors si le coeur vous en dit, pourquoi en effet ne pas vous offrir une immersion auprès d’une inspiration extérieure, afin de mieux rentrer en vous-même depuis là-bas ?
Tout est possible, c’est une question de sensibilité et de momentum. C’est à vous de voir ce que vous ressentez et ce qui vous inspire le plus. J’ai des amis proches qui voyagent justement pour ça. Sans faire la même chose, pour des raisons de convenance personnelle, je les comprends.
Vie spirituelle, forcément conciliante
“L’Initié est, par définition, extrêmement Conciliant ; il accepte que le Courant d’Alimentation de chacun d’entre nous (pour constituer la Pyramide humaine) soit, à l’infini, complémentaire du Cheminement Spirituel d’autrui.” – Jacques Breyer – Paragraphe de Terre Oméga intitulé : La contre-initiation
La spiritualité vraie est profondément inclusive et n’a besoin d’aucune étiquette partisane. Elle reconnaît et admet volontiers les folklores, les cultures, les couleurs et les parfums de chacun.
La pluralité des cultes est une bonne chose.
C’est la vie elle-même, qui s’est exprimée diversement au travers des virages de l’histoire et des reliefs de la géographie, comme un fleuve trace son lit. C’est la vie, qui a creusé ces sillons dans notre histoire humaine, en réponse à nos différentes sensibilités. Mais ce n’est pas une raison pour se laisser enliser dans un sillon !
Il faut oser vivre l’instant présent, tout en actualisant le courant qui nous porte.
Si l’on veut y voir Clair, il est nécessaire de purifier tout d’abord le terrain sur lequel on se propose d’Avancer. — Déposer au musée, avec amour mais fermeté, ce qui a fait son temps, est une obligation pour ne pas voir saint-frusquin s’emparer de la place et prétendre régner.
(…)
Vraie ou fausses Traditions, à quoi devons-nous être ? A l’Esprit Flamboyant d’une chose, ou bien à sa Momie… la plupart du temps, contrainte de surcroît ?
(…)
Vraie Tradition se Nourrit de l’Esprit ; et les fausses traditions, caricaturant ce qui fut, se partagent les restes. – Extrait du paragraphe Muséum de Terre Oméga de Jacques Breyer
C’est pourquoi, malgré les limites évidentes des religions, elles sont respectables, malgré leurs exactions passées, actuelles et futures. Elles font partie de la vie, et elles ne font pas que du mal, même si elles en font beaucoup (surtout parce qu’elles prétendent convaincre et prendre en charge leurs “brebis”, au lieu de laisser à chacun son libre arbitre).
La vraie spiritualité ne cherche pas à convaincre. Elle n’éprouve pas le besoin de se rassurer en rassemblant des gens autour d’elle.
Pourquoi chercher à recruter des adeptes ? Tout cela n’est que faux combats et perte de temps. Tout cela est dorénavant largement dépassé.
Une vie spirituelle n’a rien à voir les sectes en tous genres, qui tentent d’avoir du pouvoir sur autrui.
Ce qu’il faut désormais c’est être libre et individualisé,
Le reste ne sont que des agitations stériles : toujours « plus de la même chose »… qui ne marche pas !
Finis les tabous inutiles
Dans les religions, il y a donc eu le meilleur et le pire… Et le pire est très lourd, c’est évident !
A côté de la noblesse du message originel et de certains êtres rayonnants, qui ont marqué l’histoire, il y a le poids de l’institution commerciale et politique, qui a souvent commis le pire au nom du meilleur, sous prétexte d’évangélisation : inquisition, croisades, conquistadors, esclavage, pédophilie, et autres glorieux dérapages…Et nous ne parlons là que d’une seule religion. Mais les autres ne valent pas mieux en termes de trahison du message originel.
Du coup, en France notamment, on évite aujourd’hui de prononcer certains mots comme “Esprit” (ou pire encore : le mot “Ame” qu’on n’emploie plus aujourd’hui qu’en poésie, ou dans le langage amoureux), on hésite à dire qu’on croit en Dieu par exemple, de peur d’être pris pour un naïf, un toutou qui suit le cortège désuet de ses grands parents, un doux rêveur new-âge, ou un fanatique illuminé.
Et en effet, en les prononçant : on risque de faire fuir ceux à qui cela fait peur ou que cela rebute (avoir peur de quelques mots ! Est-ce bien raisonnable, tout de même ?) ou d’attirer comme des mouches ceux qui n’ont que ces mots-là à la bouche… Ces deux cas de figure sont respectables, mais nous n’aurions probablement rien leur dire qui puisse les intéresser.
Chacun est libre ? …nous le sommes aussi !
Nous n’avons ni peur, ni besoin de réassurance, ni envie de repousser ou d’attirer quiconque. Nous exprimons simplement dans nos articles ce que nous expérimentons dans notre propre pratique, pour le partager avec ceux qui se sentent bien avec cette façon d’envisager les choses.
Nous espérons que ces partages désintéressés pourront aider des chercheurs sincères à progresser, se sentir mieux dans leur peau, plus vivant, plus heureux…
Voir aussi cet article complémentaire : “Qu’est-ce que l’ego ?”
Liberté et responsabilité
Entendez-vous l’appel de la vraie liberté ? Cet appel ne vient pas d’un pays lointain et mystérieux. La liberté vient de notre nature profonde. Pas besoin de la chercher ailleurs qu’au fond de notre propre coeur.
Et il n’est d’ailleurs même pas besoin de la chercher.
En effet, c’est plutôt elle qui nous a trouvé, sinon nous ne serions pas en train de chercher.
Il n’y a rien à chercher, mais simplement à honorer la vie, de mille manières possibles, selon les diverses facettes qu’elle nous propose, différentes et neuves à chaque instant…
C’est donc à chacun de se plonger dans l’écoute, l’écoute passionnée, une écoute à outrance pourrait-on dire si on était quelque peu moyennageux. Et du fond de cette écoute amoureuse de la vie qui sourd, jaillit un bouillonnement, qui prend toutes sortes de formes. (à propos d’être “amoureux” de la vie, je vous invite à lire cet autre article sur “Luis Ansa“)
Découvrons-les 🙂
Une vie spirituelle simple
Imaginez quelqu’un qui se réveillerait le matin avec la sensation d’être bloqué(e), frustré(e), coincé(e) dans une situation non souhaitée, et visiblement sans issue.
Une sensation qui pourrait très bien se déployer en émotions de morosité et de déprime, entrainant avec elle toutes sortes de conséquences désagréables qui terniraient encore l’expérience de cette personne.
Au lieu de laisser se faire ce mécanisme, il y a un recours, simple et immédiat :
- cesser de se prendre pour le personnage contrarié,
- accepter l’instant présent tel qu’il se présente, et honorer la vie, maintenant.
Ainsi, au lieu de « bouder », il est possible de sourire, de respirer, de s’étirer, de placer son attention dans les sensations du corps, pour apprécier la vie qui est là, toujours vibrante sous les pensées.
Ces pensées, qu’il suffit de cesser d’entretenir, à propos de ce qui n’est pas satisfaisant et ce qui serait mieux si seulement les circonstances étaient différentes… on les délaisse, ainsi que les émotions qu’elles suscitent, quittant la tête pour habiter plus pleinement le corps.
Vous voyez, on ne parle pas de pratiques sophistiquées.
Pas besoin de faire des stages ou de lire des tas de livres pour ça.
C’est une question de décision intime. Voulez-vous vivre joyeusement, ou bien préférez-vous vos pensées moroses ?
- Il y a un moment où le choix est impossible, parce que c’est trop tôt. On est collé au personnage, identifié au contenu des pensées, prisonnier de l’illusion.
- Et puis, lisant ces lignes par exemple, ou rencontrant quelqu’un qui les incarne, survient progressivement la possibilité de vous dissocier de cet amalgame erroné. Et peu à peu, une fissure s’agrandit dans l’armure, qui vous emprisonnait dans les mécanismes de défense. Enfin, vient un moment où le choix s’impose de lui-même. Cet état de morosité vous lasse, au point que vous n’en voulez plus. Vous en avez la nausée de cette colère, de cette angoisse, de cette tristesse (et de ces états qui vous éloignent de la vie qui pulse sans vous, tandis que vous déprimez et râlez…) ! Alors, naturellement vous vous en détournerez, et accordez votre attention à ce qui vous sourit, c’est-à-dire l’instant présent, dépoussiéré des pensées qui l’encombraient.
Certes, la situation bloquée est peut être toujours bloquée. Mais vous ne manipulez plus ces pensées. Vous acceptez de vivre l’instant présent, sans référence à quoi que ce soit d’autre.
- Oui, si vous n’aviez pas le nez bouché, vous respireriez mieux.
- Oui, si vous n’aviez pas cette fièvre et cette fatigue, vous pourriez vous lever plus facilement.
- Oui, oui, et encore oui, à tout ce que votre mental vous présentera comme argument pertinent pour justifier de votre révolte.
Mais en attendant, cela vit en vous dans la profondeur, tandis que cela prend cette forme-là en surface. Et vous êtes là, qui le constatez…
Cette reconnaissance est la reconnaissance de l’esprit que vous êtes, au-delà du mental qui tente de vous embarquer dans la ronde de ses pensées. Dirigeant votre regard vers lui-même, vous constatez cette présence, du « je suis » que nous évoquions précédemment.
Et il y a là une joie, toujours disponible. Oh bien sûr, ce n’est pas forcément une joie à danser dans les rues. Mais il y a bien des formes de joie, dont les plus exubérantes ne sont pas forcément les plus profondes. Au début cette joie prendra la forme d’un léger pétillement. Guettez-le, il est déjà là…
Cela, ce retournement, cette décision intime de s’engager dans la vie plutôt que se laisser aller à l’ennui, à la contrariété ou à l’affliction, c’est probablement la grande pratique spirituelle, si on peut dire qu’il y en ait une.