Jacques Breyer distingue deux sortes de Ténèbres : les Ténèbres directement créées par Dieu, et les Ténèbres Incréées, dont nous allons traiter d’une manière des plus pratique.
La distinction entre les deux sortes de ténèbres paraît bien “technique”. Et, à moins d’être versé dans une thèse théologique, on voit mal en quoi cette question pourrait nous concerner au quotidien.
Pourtant c’est une question cruciale pour qui veut progresser sur le Sentier. C’est à ce titre que nous lui consacrons cet article. Après en avoir traité d’une manière métaphysique, puis symbolique, nous en parlerons également de manière pratique à la fin de cet article.
Que sont les ténèbres incréées ?
Les ténèbres incréées sont des ténèbres qui sont produites par le mental humain (que Dieu n’a donc pas directement créées ou voulues), et que l’on se rajoute en plus de celles qui sont inhérentes à la vie naturelle, et qu’il faut bien assumer.
Les Ténèbres incréées sont ce qu’on appelle “les faux problèmes” de l’existence.
“Les Ténèbres Incréées sont Illusions, donc elles recèlent notamment les chimères que l’on s’invente, tout ce qui n’a pas Lieu mais auquel on prétend pour entretenir nos faiblesses… alors qu’il faut les rectifier.” – Terre Oméga page 148
L’alchimie d’un être humain ne peut réellement commencer que lorsqu’il cesse de se disperser avec des faux problèmes. Il peut alors se consacrer à la résolution des vrais problèmes de l’existence (les fameuses ténèbres créées directement par Dieu), et se Réaliser à travers ce Travail réellement initiatique.
Géométrie symbolique
Nous y reviendrons plus en détail. Mais d’abord, situons la place respective des différentes ténèbres dans le schéma suivant, proposé par Jacques Breyer dans sa conférence N°2 sur les Travaux pratiques. C’est une vision symbolique, adossée à une Géométrie sacrée (voir à ce propos notre article sur “Symbole et Géométrie sacrée“, qui fait la différence entre ces deux notions assez proches mais bien distinctes) :
On y voit le Cône de conscience microcosmique, logé dans sa Sphère (voir ces termes et leurs signification dans le second chapitre de Terre Oméga) et divisé en deux horizontalement par le milieu de la figure.
Symboliquement, on représente classiquement la Lumière en haut, tandis que la partie du bas est dévolue aux Ténèbres.
Et dans ce schéma, on voit que la partie du bas est elle-même divisée en deux :
- les deux triangles noirs représentent les ténèbres incréées, dites ténèbres extérieures. Elles sont extérieures à la centralisé du Cône de vision qui part du sommet oméga (et on voit bien que ces triangles sont les bords externes du cône de vision, d’où leur appellation).
- et le triangle blanc tête en bas, au milieu des deux triangles noirs. Ce dernier, dans lequel figure le signe “moins” dans notre schéma, pourrait être représenté en gris, pour signifier qu’il est ténébreux, mais en quelque sorte moins dense que les ténèbres extérieures, qu’il n’a pas créées directement. Ce triangle gris, est une zone d’ombre dans le regard que porte Oméga dans le cône de vision, parce que c’est une partie enténébrée par la remontée de l’Azote au Temps II de notre Terre (voir Terre Oméga page 112). Ce sont des ténèbres intérieures à la Création de Dieu, et intérieures à sa vision, puisqu’elles se situent au centre du cône de vision. Il s’agit de la part de ténèbres inhérentes à sa création, que sont les instincts vitaux. Ces ténèbres sont symboliquement noires, parce que plus lourdes que la pure conscience spirituelle, mais elles laissent tout de même passer la lumière, qu’elles expriment par leur vitalité naturelle.
Commentaires de Jacques Breyer
Voici comment Jacques commente lui-même son schéma :
Alors, on pourrait peut-être dire que le triangle du bas dans lequel figure le signe “moins”, c’est la Faute dirigée et que les deux triangles noirs sur les côtés, ce sont les ténèbres extérieures, qui, pour Dieu, n’ont pas lieu. Donc, il y aurait déjà, ici, à méditer sur la Faute : la partie intéressante d’elle-même, et la partie qui n’existe pas, en fait, mais que nous subissons par nos ténèbres, étant données nos imperfections. Et nous appelons souvent « Faute », sans discernement, tout ce qui est en bas, alors que les deux triangles coloriés en noir sont à nuancer du triangle blanc tête en bas. Lui représente la Faute “dirigée”, qui n’en est pas une, c’est peut-être même les corbeaux alchimiques nécessaires. Et le reste, on l’appellera « la part de hasard » – encore que, là aussi, nous pourrions discuter –, qui est une chose à effacer de nous…
… et par conséquent, le premier œuvre à faire dans la prise de conscience de l’homme sur le Sentier, c’est de se débarrasser des deux parts de ténèbres extérieures (autrement dit, de savoir expulser ce qui n’a pas de consistance vraie, de savoir éliminer les faux problèmes) de savoir où est la Faute, ou la Faute dans l’esprit, de ce qui n’en sont pas, de ce qui est sans intérêt, qui n’appartient qu’au vieil homme.
En alchimie, lorsque l’on vous donne une “materia prima”, la première action symbolique et effective, c’est de la débarrasser du corps grossier qu’elle comporte, pour en tirer l’Eau Ardente, dirons-nous. Et quand on est rendu, par conséquent, à la séparation de cette forme de subtil et d’épais, c’est le subtil qui, ensuite, pourrira, avant de ressusciter et de donner ce que l’on cherche.
Donc ça, si vous voulez, c’est la materia prima, le caput mortuum, une fois que ce qui était enfermé avec et dedans en a été extrait par les distillations.
Les distillations, c’est aussi vous qui êtes la matière, qui devez faire votre distillation, de ce qu’il faut garder, de ce qu’il faut combattre, et de ce qui n’a pas lieu, pour lequel vous ne devez pas répondre, parce qu’en y répondant, vous allez le nourrir, et ça durera plus longtemps. Ça (les 2 triangles noirs), ce sont les faux combats, c’est de la provocation à laquelle il ne faut pas répondre. Mais, ça (les Ténèbres intérieures représentées par le triangle blanc inversé) c’est une proposition à laquelle il faut répondre…
(voir à ce sujet notre article sur l‘alchimie intérieure, qui reprend ces termes et les met en perspective du schéma de la Route christique de Terre Oméga)
… Donc, c’est à vous de savoir trier ce qui, sur votre chemin, vaut et ne vaut pas. Et, quelquefois, ce qui ne vaut pas a une apparence plus importante que ce qui vaut. Mais vous ne voulez pas en tenir compte, parce qu’il vous arrange de rester emmêlé avec, pour des raisons de sensiblerie ou que sais-je. Donc, ce schéma est important, comme prise de conscience, pour filtrer ce que vous avez à faire. Et, vous avez déjà, là, par simplement des traits, mieux qu’un long discours, une éthique qui doit être poursuivie toujours.
- Comment savoir si un problème est un vrai problème ou un faux problème ?
- Comment, pratiquement, se libérer de l’emprise d’un faux problème ?
C’est ce que nous allons voir maintenant…
Qu’est-ce qu’un faux problème ?
Un faux problème est quelque chose que nous prenons pour un problème à résoudre, alors que ce n’en est pas un :
- soit que nous imaginions à tort qu’il soit de notre ressort de le résoudre, alors qu’en fait : il ne nous concerne pas.
- soit que nous inventions une difficulté, là où il n’y en a pas. Un faux problème est une difficulté que nous créons de toutes pièces, à partir du mental.
Les faux problèmes, rappelons-le, sont des ténèbres incréées, des problèmes que le mental invente et qui n’existent pas, de par Dieu. La seule manière de s’en libérer est de s’en détourner, purement et simplement, parce qu’ils n’ont aucune consistance vraie.
En effet, les faux problèmes sont des pensées fausses, créés de toutes pièces par le mental.
Se détourner des faux combats
Il y a suffisamment de vrais problèmes, auxquels il faut répondre, qu’il faut traiter effectivement, pour ne pas avoir besoin en plus de se créer des faux problèmes de surcroît ! Ces ténèbres incréées relèvent d’une maladie (mentale), dont il faut guérir. Comment ? En reconnaissant qu’il s’agit d’une préoccupation malsaine, à abandonner tout simplement…
Cette illustration montre le célèbre don Quichotte, parti en guerre contre les moulins à vent. Cette farce de Cervantes, montre combien est ridicule le fait de se livrer à de faux combats.
Voici des exemples de faux combats, de questions vouées à l’échec, parce qu’elles sont sans objet et ne relèvent pas de notre responsabilité d’être humain :
- vouloir changer les autres, ou bien vouloir les sauver, surtout malgré eux…
- refuser la réalité et vouloir que telle ou telle situation soit différente de ce qu’elle est. Cela peut paraître normal, tant cette sottise est répandue. Mais en examinant de près cette question, on s’aperçoit que nous n’avons pas le pouvoir de changer la réalité, nous ne pouvons que l’accueillir et l’apprécier, avec tout ce qu’elle comporte. Et si nous y réagissons, c’est de l’intérieur, après l’avoir acceptée telle qu’elle est.
- espérer que les autres nous voient différemment (comme si notre image était importante, alors qu’elle n’est que superficielle, changeante et arbitraire), espérer qu’ils nous comprennent, nous aiment… alors que ceci relève de leur responsabilité et en aucun cas de la nôtre. Contrairement à ce qu’on croit, être aimé n’est pas un besoin. C’est soi-même aimer qui est un besoin, et relève de notre responsabilité. Etre aimé, compris, respecté est sans importance et ne nous concerne pas. Tant qu’on ne le comprendra pas, on perdra un temps infini à séduire, à chercher à ne pas déplaire, à nous compromettre pour ne pas risquer d’être rejeté, mal vu, critiqué… alors que tout ceci est sans importance !
Vouloir être aimé est un faux problème
Pourtant, la plupart d’entre nous faisons toutes sortes de contorsions pour être aimés.
Or : être aimé, être apprécié, être reconnu, être accepté, etc… sont des choses qui ne dépendent pas de nous, comme nous venons de le dire.
En fait, c’est plutôt les autres que cela concerne :
- S’ils nous aiment, c’est bien pour eux, car c’est agréable d’aimer.
- S’ils préfèrent ne pas nous aimer, c’est dommage pour eux. Ils ne savent probablement pas ce qu’ils ratent :-). Mais cela ne parle que d’eux. C’est leur liberté. C’est respectable. Et on peut les aimer quand même, malgré qu’ils ne nous aiment pas. La réciprocité n’est pas une obligation pour se sentir aimant, libre et heureux.
Il n’y a pas besoin de focaliser sur le fait d’être aimé. Donc il n’y a pas besoin de faire des contorsions pour plaire aux autres. C’est d’ailleurs en étant soi-même, qu’on a le plus de chances d’être aimé pour ce qu’on est vraiment (c’est logique).
Se détourner des ténèbres incréées
La seule manière de sortir d’un faux problème, est de ne plus l’alimenter !
Les jeux relationnels par exemple, comme la plainte, la justification et le reproche relèvent de ces faux combats, auxquels Jacques Breyer dit qu’il ne faut pas répondre : la seule façon de faire cesser le jeu est de ne plus y jouer. Tant que vous répondez quelque chose, à quelqu’un qui vous adresse des plaintes ou des reproches, le jeu se prolongera, et la personne continuera :
- si vous vous justifiez face à un reproche, l’autre surenchérira.
- si vous laissez les gens se plaindre, ils continueront à le faire.
- S’il vous prenait la fantaisie de leur reprocher de se plaindre, ils se justifieraient, et vous en feraient bientôt le reproche… ce qui sera un nouveau prétexte pour se plaindre !
Cela n’a pas de fin. C’est un jeu où tout le monde perd de l’énergie.
Exemples de vrais problèmes
Par contre, à la différence de ces fantasmes précités, de ces Opacités ou Reflets sans consistance et larvaires parce que ne disposant même pas de l’Esprit des Ténèbres incanalisé, il existe d’une manière moins diffuse, plus grave dans le péché : une Sombre Lumière, un Satanisme fait de Soufres noirs, quand ils ne sont pas dominés, s’opposant (par définition) à la Claire Lumière Raisonnable.
… Voici donc, à présent, les Ténèbres Créées, l’Erreur dirigée, les religions prostituées, et la science acceptant de devenir assassine… ce sont là, des Reflets densifiés qu’habitent de froides monstruosités anti-Christiques, des intentions humaines Démoniaques en proie aux bas instincts • Elémentaux (submergeant le Plan Elémentaire qui aurait dû les assigner).
Terre Oméga page 149 – Etude des Ténèbres Créées
Les vrais problèmes sont incontournables puisqu’ils appartiennent à la nature même de la vie et de l’existence. Il faut les traiter.
Les vrais problèmes relèvent des grandes questions fondamentales de l’existence, telles que :
- Comment subvenir aux besoins du corps, assumer ses besoins vitaux et honorer sa pulsion de vie , sans nuire à quiconque ?
- Comment faire face au danger ?
- Comment créer de la valeur pour les autres, au sein d’une profession qui réponde à notre vocation ?
- Comment être soi, pleinement authentique, au lieu de se contenter de suivre les autres, de se conformer pour leur faire plaisir et ne pas avoir d’ennuis ?
- Comment y voir clair sur ce que nous sommes vraiment, sur la nature même de la conscience qui perçoit les expériences que nous vivons ?
Que faut-il faire alors avec la réalité ? Il faut d’abord l’accepter. Après, quand il n’y a aucune trace de refus en soi, on peut de l’intérieur de la situation la faire évoluer par la manière dont on y participe…
Toute tentative de nier ce qui est, de refuser la réalité, est vouée à l’échec.
Tenter de manipuler les évènements est un faux combat
Toutes les préoccupations qui commencent par “il faudrait que…”, “cela devrait être différent de…” amorcent l’expression d’une impasse.
Pourquoi ? Parce que la réalité est ce qu’elle est et ne peut pas être différente dans l’instant.
- Pouvez-vous être né ailleurs que vous êtes né ?
- Pouvez-vous faire maintenant en sorte que la taille de votre corps soit différente de ce qu’elle est ?Pouvez vous tout de suite être ailleurs que là où vous êtes ?
- Se pourrait-il que ce qui est ne soit pas ?
Bien sûr que non, évidemment ! Il y a des choses à accepter. Elles sont ainsi, c’est un fait. Il n’y a rien à regretter et rien à espérer, juste à “faire avec”, sans histoire.
Il est vain de vouloir manipuler les autres et les évènements, à la fois parce que cela ne marche pas, et parce que cette tentative même entretient la souffrance qu’elle voudrait nous éviter.
A cause des ténèbres incréées, on fait tout un tas d’acrobaties dans la vie, on prend des postures, on se crée des complications, alors qu’il suffirait de voir clairement qu’elles ne sont pas réelles et que ce ne sont que des faux problèmes, des pensées auxquelles il suffirait de ne pas croire et qu’il faudrait cesser de nourrir…
Sur ce sujet, comme pour tous les autres, c’est évidemment à vous de réfléchir par vous-même et de comprendre ce que sont les faux problèmes, et de repérer ceux avec lesquels vous vous compromettez. Tant que vous les alimenterez, en cherchant à les résoudre, alors qu’ils n’existent que dans le mental, vous vous disperserez et le travail initiatique sera retardé d’autant. On a besoin de toute l’énergie disponible pour faire face aux vraies questions que le Sentier nous présente.
On ne peut pas se permettre de tournicoter devant la porte du Temple, il faut se concentrer et y entrer sans détour.
Vivre sa vie avec légèreté
La vidéo suivante de Jean Bouchart d’Orval expose en mots simples comment on s’invente des faux problèmes dans la vie. Il y évoque le processus mental qui rend la vie lourde et médiocre.
« Malgré les apparences, nous, les humains, ne souffrons que d’une chose : nous avons perdu de vue que nous habitons cette terre en poètes. Nous ne sommes pas ici pour réussir une vie personnelle, une vie de couple, une vie de ceci ou de cela, et encore moins pour faire croître l’économie.
Profondément notre vie n’a ni utilité ni but, ce qui ne l’empêche pas d’être parfaite intelligence…
Le corps est un instrument de musique, l’esprit est la page sur laquelle s’écrit le poème de nos vies et nous en sommes le pur Spectateur. Comment nous y prenons-nous pour ne pas voir cela et continuer de vivre dans le calcul et l’inquiétude ? Voilà la merveille à explorer ensemble avec un esprit silencieux et joyeux. » – Jean Bouchart d’Orval
Voir aussi cet article complémentaire : “Qu’est-ce que l’ego ?”
Accepter ce qui est
Soyons très pratique à travers un exemple concret. Imaginons que vous soyez impliqué professionnellement avec une équipe pour atteindre des objectifs (c’est le cas de tous ceux qui travaillent dans une organisation). Vous menez donc ensemble un certain nombre d’actions pour créer une certaine valeur pour des clients.
Il est normal que des difficultés surviennent. Des problèmes humains par exemple :
- la concurrence qui fait mieux que vous
- le marché qui prend une nouvelle orientation
- l’autorité régulatrice du marché qui impose de nouvelles règles
- une crise économique qui rend vos clients frileux
- des tensions internes dans votre entreprise
- de mauvaises décisions qui sont prises par le Direction
- le comportement désagréable de certains de vos collègues
- un problème de santé qui vous arrive
- etc…
Le problème, ce n’est pas tant la difficulté (qui elle, est normale), c’est plutôt la réaction émotionnelle de refus du problème qui crée le problème le plus difficile (s’indigner, s’affliger, s’inquiéter, se stresser, etc…). Vous voyez, en quelque sorte il y a deux sortes de problème :
- le “vrai” problème, objectif (par exemple un retard de livraison de la matière première, dans un circuit industriel)
- le “faux” problème, subjectif (la réaction émotionnelle de refus, qui envenime la situation et rend parfois la solution objective hors de portée, à cause de la surinfection émotionnelle)
Que faire, alors ?
Accepter que dans la vie, il y ait des difficultés !
Ne pas en faire une affaire personnelle, et faire de son mieux, en se concentrant sur l’action immédiate, instant après instant, plutôt que de trop investir l’enjeu.
Dans le cas contraire, vous subirez une pression, qui provoque le stress inhibiteur de l’action. Et votre performance en sera affectée négativement.